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Cytotec (Misoprostol) : Retrait du marché annoncé par Pfizer dès mars 2018

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Le Laboratoire américain Pfizer vient d’annoncer le retrait du Cytotec comprimé à partir du 1er mars 2018, produit indiqué dans l’ulcère et largement utilisé en gynécologie hors indications.


misoprostol


Ainsi on peut lire dans le communiqué de l’AFP de ce 19 octobre 2017 reprenant les déclarations de la représentante de l’ANSM que « Le laboratoire Pfizer France nous a informés de sa décision de retirer du marché français son produit le Cytotec, largement utilisé en gynécologie hors AMM (hors des indications pour lesquelles il est prévu) qui sera effective le 1er mars 2018 »

Le misoprostol est un analogue synthétique de la prostaglandine E1, ayant une activité antisécrétoire et cytoprotectrice. Il est indiqué pour le traitement de l’ulcère gastrique ou duodénal évolutif. Dans le RCP (Résumé des Caractéristiques du Produit), l’ANSM rappelait qu’il est contre-indiqué chez les femmes enceintes, car il peut entrainer des avortements, des malformations congénitales, des morts fœtales, et des naissances prématurées. Il est inscrit sur la liste I.

Ce produit est détourné de son usage d’origine afin de déclencher un accouchement à partir de 37 semaines d’aménorrhées. La Haute Autorité de Santé rappelait en 2008 que « Son utilisation dans cette indication doit être réservée à des essais randomisés de puissance suffisante pour en évaluer le ratio bénéfice/risque, notamment les déchirures utérines »

La nomenclature nationale des produits pharmaceutiques algérienne, n’avait enregistré qu’une seule spécialité le Misotec® comprimés dosés à 200µg en 2015 et avait restreint son usage en milieu hospitalier spécialisé. De nombreux cas d’utilisation hors nomenclature ont été rapportés. Nombreux sont ceux qui tombe sous le coup de l’article 304 du code pénal qui cite que « Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, a procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non », prévoit une à cinq années d’emprisonnement et une amende de cinq cent à dix mille dinars, avec une interdiction d’exercer. Notons l’article 72 du code de la santé qui prévoit l’avortement thérapeutique comme « une mesure indispensable pour sauver la vie de la mère du danger, préserver son équilibre physiologique et mental gravement menacé ».

La Tunisie a une définition similaire dans son article 214 du code pénal, la sanction étant de cinq années et d’une amende de dix mille dinars. Le bulletin du conseil de l’ordre des médecins tunisiens, dans sa livraison n°35 [novembre 2012, p25], signalait que la méthode d’IVG médicamenteuse était largement pratiquée en médecine de ville bien qu’elle transgresse les termes des textes juridiques en vigueur.



L’OMS en 2011, rendait les résultats d’un travail concerté de plusieurs partenaires et dont le processus a été dirigé par l’OMS et l’université de Aga Khan (Pakistan), plaçant le misoprostol dans la liste des produits essentiels comme utérotonique pour la prise en charge de la rupture prématurée des membranes et travail avant terme. Si la FDA des Etats Unis, n’a pas approuvé les indications gynécologiques du misoprostol, elle  approuvait en 2000, l’utilisation de 600mg de mifepristone, un antagoniste de la progestérone avec 400 µg de misoprostol pour avortement. La FDA mettait en garde les patientes dans une information, à travers une alerte actualisée en 2015 sur les risques d’utilisation du produit lors du travail et de la délivrance.

Ce sont des utilisations que la FDA n’approuvait pas, aucune entreprise ne lui avait communiqué la preuve de l’efficacité et de la sécurité du produit, tandis que l’ANSM mettait en garde en 2013 sur les risques potentiels liés à l’utilisation hors AMM du Cytotec (Misoprostol) dans le déclenchement de l’accouchement et toute autre utilisation gynécologique.



Une publication de Rebecca Allen  et Barbara O Brian (1) dans la revue Obstétrics & Gynecology portant sur l’utilisation du misoprostol en obstétrique et en gynécologie tout au long de la grossesse. Bien que son effet tératogène est souligné et estimé à 1%, il a été étudié  dans la gestion médicale des fausses couches, l’induction du travail au cours du second trimestre. Les auteurs concluaient ‘Le misoprostol a de nombreuses applications dans la pratique de l’obstétrique et de la gynécologie. L’utilisation hors AMM de médicaments approuvés est soutenue par la FDA pour autant qu’elle repose sur des preuves médicales solides(…) et que ‘compte tenu de son faible cout le misoprostol pouvait améliorer la santé des femmes’.



Le Food and Drug Administration BFAD des Philippines, n’avait pas enregistré sur sa nomenclature, le misoprostol et rappelait aux professionnels de santé à travers un communiqué en 2002, l’interdiction de la vente, de la dispensation et de l’utilisation d’un produit non enregistré et des sanctions qu’ils encouraient en cas d’infraction.



L’Association Timeo a vu le jour après qu’un nouveau-né ait subi des séquelles consécutives à l’administration de misoprostol lors de l’accouchement. Un procès avait été intenté contre l’hôpital qui a été reconnu en 2010, responsable du handicap de Timéo. Cette association rapporte d’autres cas Guillaume, Enola, Tatia, Heikel, Eric, Hannah



(1) Department of Obstetrics and Gynecology, Women and Infants’ Hospital and Warren Alpert Medical School of Brown University, Providence, RI

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