Elles touchent 20 millions de Français et sont en pleine expansion. Mal connues, mal soignées, les allergies respiratoires deviennent un véritable problème de santé publique. Des allergologues tirent la sonnette d’alarme dans un Livre blanc.
En 1963, seulement 3,8 % de la population française étaient touchés par les allergies respiratoires (asthme, rhinites allergiques…). Aujourd’hui, on dépasse les 30 %. Comment expliquer une telle évolution et, surtout, comment l’enrayer ?
Des allergologues et des associations de patients publient aujourd’hui, 20 avril 2017, un Livre blanc pour dénoncer la mauvaise prise en charge de ces maladies en constante augmentation.
« C’est un vrai cri d’alarme », insiste le Pr Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie, qui constate l’augmentation des cas sévères et compliqués d’allergies respiratoires, nécessitant le recours à des traitements de plus en plus sophistiqués. « L’allergie, ce n’est plus le simple rhume des foins », déplore-t-elle.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, notamment le manque de formation des médecins (deux heures sur l’allergie au cours des études médicales). Et l'allergologie n'est reconnue comme une spécialité médicale que depuis décembre 2016. Résultat, les malades peuvent connaître « sept ans d’errance thérapeutique » avant d’accéder à une prise en charge correcte. « Ce n’est pas normal », lance Christine Rolland, directrice de l’association Asthme et allergies.
La pollution et le réchauffement climatique jouent également un rôle important dans l’explosion des allergies respiratoires. Les périodes de pollinisation sont de plus en plus longues et les pollens deviennent plus agressifs. « En Ile-de-France, des gens souffrent de février à août », selon le Pr Just. Or, ce qui commence par un simple « nez qui coule » peut, sans une bonne prise en charge, évoluer à la longue vers un asthme difficile à contrôler.
Les allergologues alertent, par ailleurs, sur le risque de déremboursement des traitements par désensibilisation, l’immunothérapie allergénique. « Ces traitements sont en péril », estime le Pr Just, alors qu'ils « évitent le passage de la rhinite à l’asthme et de l’asthme modéré à l’asthme sévère ».
Le Livre blanc a été envoyé à tous les candidats aux élections présidentielles. Ses signataires espèrent ainsi que les allergies respiratoires obtiennent le label « Grande cause nationale », ce qui leur avait été refusé en 2012.
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