Un
vaccin universel c’est un vaccin efficace contre toutes les formes de
grippe. Un vaccin très attendu alors que chaque année, les scientifiques
développent un vaccin spécifique efficace contre les dernières souches
de la saison grippale. Plusieurs études documentent aujourd’hui la
faisabilité d’un vaccin universel pouvant offrir une large protection
contre de nombreuses souches de la grippe, y compris celles qui
pourraient provoquer de futures pandémies. La preuve d’efficacité vient
d’être faite sur la souris, le singe et le furet.
Chaque
année, les scientifiques préparent un vaccin qui devra protéger plus
particulièrement contre les souches grippales les plus attendues, en
fonction de la saison grippale précédente. Plusieurs études marquent en
cette rentrée une nouvelle étape dans le développement d’un vaccin
universel capable donc de protéger contre un très large spectre de
souches, y compris celles qui pourraient être à l’origine de futures
pandémies. La base de ces recherches, la protéine appelée
hémagglutinine, présente à la surface du virus de la grippe et qui permet au virus de se lier à la membrane
des cellules à infecter. Cette protéine a composantes principales: la
« tête » ou partie du virus qui mute d'une souche à l’autre et la
« tige », similaire dans la plupart des souches.
Une première approche de protection à large spectre : Dans
la revue mBio, l’équipe du National Institute of Allergy and Infectious
Diseases (NIAID/NIH), dirigée par le Pr Jeffery Taubenberger, chef du
Département de pathogénèse virale, partant des 16 sous-types
d'hémagglutinine différents qui circulent chez les oiseaux suspectés
d’être à la base du risque de pandémie de grippe, a développé un vaccin à
base de particules virus-like exprimant de multiples sous-types de
protéines de surface clé du virus de la grippe: l'hémagglutinine H1, H3,
H5 et H7. L’idée est que ces différentes protéines virales seraient
capables de stimuler le développement d'une immunité protectrice croisée
apportant une protection plus large contre plusieurs sous-types du
virus.
H1 et H3 sont en effet à l’origine des épidémies de grippe saisonnière depuis 1918.
H5 et H7 ont entraîné les récentes flambées de grippe aviaire et présentent un potentiel pandémique.
Dans cette étude, les chercheurs montrent que
· 95%
des souris vaccinées avec ce « cocktail vaccinal » sont protégés contre
8 souches de grippe différentes exprimant 7 sous-types de la grippe A,
vs 5% des souris vaccinées avec un placebo.
· Presque
toutes les souris vaccinées, exposées aux virus survivent, y compris
les souris exposées à des virus exprimant des sous-types
d'hémagglutinine exclus du vaccin combiné (comme H2, H6, H10, et H11).
· La protection apportée est durable, d’au moins 6 mois et vaut également chez les souris âgées.
· Dans
la revue Nature Medicine, une équipe du National Institute of Allergy
and Infectious Diseases (NAID/NIH) et de l’Osaka University (Japon)
utilise une technique en 2 étapes: Ils ont introduit une combinaison de
mutations pour stabiliser la base de la tige de l'hémagglutinine qu’ils
ont associé à des nanoparticules.
Ø Chez
la souris, le candidat vaccin déclenche suffisamment d’anticorps pour
apporter une protection totale, et partielle chez le furet. Ainsi, 2 des
6 furets vaccinés sont morts, vs un taux de décès de 100% chez les
non-vaccinés.
· Dans la revue Science, l’équipe du Crucell
Vaccine
Institute (Pays-Bas et San Diego) et du Scripps Research Institute a
appliqué une combinaison de mutations à la tige de l'hémagglutinine pour
lui conférer plus de stabilité.
Ø Chez la souris, le candidat vaccin apporte une protection efficace contre plusieurs souches, en particulier H1N1 et H5N1.
Ø Chez le singe exposé au virus H1N1, le vaccin entraîne une réponse suffisante pour faire baisser la fièvre.
Ø Dans ces 2 études, les souris témoins exposées qui n’ont pas reçu le vaccin sont mortes.
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méthodes donc différentes mais qui visent le même objectif, utiliser la
tige de la protéine hémagglutinine, ou la partie universelle de cet
antigène du virus grippal.