La
phagocytose, un mécanisme biologique qui permet à certaines cellules
spécialisées d'ingérer et de digérer des cellules « trop vieilles »,
endommagées ou mortes permet de prévenir les dommages liés à
l’accumulation de déchets cellulaires. Mais
la phagocytose révèle ici un autre rôle clé, éducatif, avec cette étude
du Centro Nacional de Investigadores Cardiovasculares Carlos III
(CNIC). Des travaux présentés dans le Journal of Experimental Medicine
qui décrivent comment la phagocytose spécialise les cellules
immunitaires macrophages.
A
l’identique de la société, l'alimentation, l'éducation et la propreté
sont les clés du maintien de l'harmonie de notre corps, écrivent les
chercheurs. En décrivant comment l'organisme se maintient « propre et
sain », l'étude suggère même qu’il serait possible de coordonner le
travail de ces macrophages à notre avantage. Ces travaux suggèrent enfin
qu'il pourrait être possible de moduler la phagocytose individuellement
dans chaque organe sans perturber les organes voisins, c’est-à-dire par
exemple, éliminer des cellules dangereuses dans l’intestin sans
éliminer les cellules bénéfiques dans les poumons. Avec donc de futures
thérapies à la clé.
"La mort est une condition préalable à la poursuite de la vie, c’est un paradoxe de la nature" :
dans notre corps, des milliards de cellules dans l'intestin, le sang,
la peau et d'autres tissus meurent chaque jour afin de laisser la place à
de nouvelles cellules. De nombreuses recherches ont porté sur
l’évacuation de ce déchets cellulaires et, parmi les mécanismes les
mieux documentés, la phagocytose, l’œuvre de cellules spécialisées, les
macrophages qui mangent les cellules endommagées. Ainsi, les macrophages
sont des cellules immunitaires qui réparties dans tous les tissus du
corps vont travailler à éliminer de l'organisme tous les déchets
biologiques, les composés toxiques, les virus et les protéines ou même
les résidus du développement embryonnaire. Les macrophages sont ainsi
essentiels pour éliminer les cellules dangereuses, comme les cellules
cancéreuses ou les lymphocytes qui pourraient causer un trouble
immunitaire auto-immune (ex : polyarthrite rhumatoïde).
Les macrophages sont différents dans chaque tissu :
dans cette étude, l'équipe de recherche a utilisé une méthode
ingénieuse pour relier 2 souris, les cellules d'une des souris exprimant
une protéine fluorescente. Lorsque les macrophages de la souris non
fluorescente ingèrent des cellules de la souris partenaire, ils
acquièrent leur fluorescence. L’approche permet ainsi d’étudier la
phagocytose des macrophages in vivo pour la première fois. Ces travaux
apportent de nouvelles connaissances essentielles :
-les macrophages phagocytes sont différents ou spécialisés dans chaque tissu,
-les macrophages phagocytes sont différents des macrophages qui n’ingèrent pas les cellules mortes ou endommagées.
Des
données importantes car lorsque la phagocytose fonctionne de manière
anormale, les organismes peuvent développer des troubles auto-immunes.
-la phagocytose est réellement organisée dans le tissu vivant.
-l'acte
d'ingérer des cellules endommagées éduque le système immunitaire dans
la capacité à maintenir les tissus dans un état propre et sain : les
macrophages jouent un rôle clé bien sûr dans ce processus.
-d’autres
molécules sont identifiées impliquées dans le processus phagocytaire de
chaque tissu, de l'intestin vers le foie et dans la moelle osseuse ;
-chaque tissu a son propre outil moléculaire spécifique pour éliminer les cellules indésirables.
Une
seconde « grande » découverte qui suggère qu'il serait donc possible de
moduler la phagocytose dans un organe en particulier et sans toucher
aux autres.