Pour les spécialistes, leur usage relève de la "maltraitance nutritionnelle", car ils ne fournissent pas les éléments nécessaires à la croissance.
« L'utilisation des boissons végétales chez le nourrisson est une
maltraitance nutritionnelle ! » Le titre du communiqué adressé à la
presse par la Société francophone Nutrition clinique et Métabolisme ne
s'embarrasse pas de précautions. C'est bien le but de ses auteurs qui
regrettent que certains parents – redoutant une allergie au lait – aient
recours à ces fameux « laits végétaux » pour remplacer, en partie ou en
totalité, les préparations pour nourrissons. Or, ces prétendus laits « à
base d'amande, de noisette ou encore de châtaigne ont une composition
qui n'est absolument pas conforme aux recommandations européennes et
entraînent des carences majeures qui peuvent être fatales »
précisent-ils.
Le Dr Béatrice Dubern, nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l'hôpital Trousseau (Paris),
rappelle que la croissance est particulièrement rapide et importante au
cours de la première année de vie. « En moyenne, le poids de naissance
est multiplié par 3, la taille croît de près de 50 % et le poids du
cerveau passe de 300-400 grammes à plus de 1 kilo à l'âge d'un an, soit
une croissance cérébrale de l'ordre de 2 grammes par jour »,
précise-t-elle.
On comprend bien, dans ces conditions, la nécessité de donner au bébé
tous les aliments et nutriments indispensables à son développement. Ces
besoins spécifiques sont couverts soit par l'allaitement maternel
exclusif jusqu'à 6 mois (comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé),
soit par les préparations pour nourrissons jusqu'à 4 à 6 mois, époque
du début de la diversification alimentaire, le lait restant évidemment
présent.
Des complications graves allant jusqu'au décès
Les spécialistes insistent sur le fait que les boissons végétales ont
un apport énergétique et lipidique insuffisant, ainsi que des apports
protéiques et une teneur en calcium inadaptés. Les conséquences de leur
usage peuvent être dramatiques : « Chez le nourrisson, toute
insuffisance d'apport en énergie, protéines, lipides, minéraux,
vitamines ou oligo-éléments aura des répercussions sur la croissance et
le développement cérébral qui seront d'autant plus sévères que
l'insuffisance d'apport est précoce, importante et prolongée. Plusieurs
cas de malnutrition ont déjà été décrits chez des nourrissons alimentés
exclusivement par ces boissons végétales en vogue, avec des
complications graves allant jusqu'au décès. »
Concernant cette fois l'âge de la diversification alimentaire et son
impact sur la croissance, les spécialistes sont sereins et ne remettent
pas en cause les recommandations officielles, selon lesquelles elle peut
commencer entre 4 et 6 mois, en fonction des enfants. Une étude
récemment publiée dans le Journal of Pediatrics le confirme. Elle a été réalisée à la maternité de Cambridge (Royaume-Uni),
de façon prospective, entre 2001 et 2009. Près de trois quarts des
enfants ont eu une diversification alimentaire avant l'âge de 6 mois. Ce
travail montre que, dans les pays de haut niveau de vie, le moment
d'introduction de la diversification alimentaire n'a pas d'influence sur
la croissance de l'enfant. Il semble que la mère détermine le moment de
donner autre chose, en plus du lait, en fonction de la croissance plus
ou moins rapide ou de la faim de son enfant. Et là, l'instinct maternel
ne trompe pas...
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